INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE : CA, EMPLOIS ET ENGAGEMENTS DES SIGNATAIRES… LE NOUVEAU CONTRAT-PROGRAMME

Support : Médias24

Les professionnels de l’industrie pharmaceutique ont signé, le mardi 27 septembre, un contrat-programme avec le gouvernement, qui prévoit la création de 16.000 emplois industriels et la hausse du chiffre d’affaires direct du secteur, de près de 15 milliards de dirhams.

Ce contrat-programme a été signé à l’occasion de la présentation du bilan de la banque de projets d’import-substitution par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour ; le ministre de la Santé et de la Protection Sociale, Khalid Ait Taleb ; le vice-président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), Mehdi Tazi ; Les Entreprises du Médicament au Maroc (LEMM) ; l’Association Marocaine du Médicament Générique (AMMG) et la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP).

Il vise à définir les engagements de chacune de ces parties pour le développement de l’industrie pharmaceutique sur la période 2022-2027.

Des objectifs chiffrés pour le secteur

« Nous sommes dans une période de mise en place de la généralisation de la couverture santé universelle, qui touchera environ 22 millions de patients. Ceux-ci auront besoin de médicaments, de produits pharmaceutiques, de soins, et de médecins », nous indique Mohamed El Bouhmadi, président de la FMIIP, joint par Médias 24.

« Ce contrat-programme permettra ainsi d’augmenter la capacité de production dans le secteur, en mettant en place, notamment, de nouvelles unités de fabrication. »

« Le secteur est constitué de 12.000 pharmaciens d’officine, 60 grossistes répartiteurs et 53 établissements pharmaceutiques industriels (EPI). Le présent contrat concerne la dernière catégorie », précise notre source.

Ce contrat-programme, que Médias24 a pu consulter, a pour objet d’assigner à l’industrie pharmaceutique, à l’horizon 2027, les objectifs globaux suivants :

– La création d’environ 6.000 emplois industriels directs stables et la contribution à la création d’environ 10.000 emplois indirects. L’industrie pharmaceutique compte actuellement 55.000 emplois directs et indirects selon Mohamed El Bouhmadi ;

– L’augmentation du chiffre d’affaires direct de près de 15 milliards de dirhams (MMDH). Actuellement, il est de 16 MMDH, nous confie le président de la FMIIP. Comment cette hausse sera-t-elle opérée ? « Les patients nouvellement couverts dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale auront accès aux soins et donc aux médicaments ce qui entraînerait la croissance du Chiffre d’affaires » ;

– L’amélioration de la balance commerciale de près de 10 MMDH ;

– La création d’une valeur ajoutée directe additionnelle de près de 6 MMDH. Le secteur est actuellement doté d’une valeur ajoutée d’environ 5 MMDH.

Afin d’atteindre ces objectifs, ce contrat-programme repose sur les principes fondamentaux suivants :

– La nécessité d’assurer la souveraineté sanitaire du Maroc ;

– La nécessité de se focaliser sur la mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale ;

– La nécessité de couvrir l’ensemble du tissu des entreprises sans exception, à travers des mesures d’accompagnement transverses, portant notamment sur le renforcement de l’environnement technique des entreprises, l’adéquation de la formation aux besoins des entreprises, la mise en place de solutions de financement adaptées pour les projets définis par le ministère de la Santé et la Protection Sociale, ainsi que l’adoption de solutions normatives et réglementaires ;

– L’obligation de répondre aux besoins prédéfinis par le ministère de la Santé pour les projets de fabrication locale.

Les engagements des industriels

Dans le cadre de ce contrat-programme, LEMM, la FMIIP et l’AMMG se sont engagées à :

– Accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle et à faciliter l’accessibilité économique du médicament ;

– Accompagner les laboratoires pharmaceutiques pour mettre en place les mécanismes nécessaires garantissant la traçabilité des médicaments mis sur le marché national ou destinés à l’export ;

Encourager les essais cliniques des médicaments, notamment les études de bioéquivalence des médicaments génériques ;

– Contribuer au développement du système de santé au travers des partenariats public-privé pour un modèle plus efficace, plus qualitatif et économiquement plus durable ;

– Favoriser la formation et le transfert de connaissance et d’expertise, créatrice de nouveaux emplois de pointe et hautement qualifiés, mais aussi à mettre en place des plateformes et programmes de formation technique aux profits des ressources humaines de l’industrie et de l’administration si nécessaire.

En outre, la FMIIP, qui représente 80% du secteur industriel pharmaceutique, s’engage à fabriquer localement les médicaments et à développer les capacités de production des industriels, en vue d’assurer la souveraineté médicamenteuse. Selon Mohamed El Bouhdmadi, « les industriels du secteur sont actuellement à 40%, voire 45% de leur capacité de production, en travaillant avec des shifts de huit heures. Nous disposons donc encore d’une grande capacité ».

La Fédération devra aussi mobiliser les industriels pour rentabiliser davantage les lignes de production existantes, contribuer à la promotion du médicament « made in Morocco » au niveau international, contribuer aux roadshows organisés par l’Etat, à travers notamment la signature de conventions et d’accords internationaux pour faciliter la circulation des médicaments marocains et inciter les industriels locaux à la gestion optimale de leurs stocks stratégiques, à travers l’amélioration de leur situation d’approvisionnement de matières premières et articles de conditionnement.

Les « Entreprises du Médicament au Maroc » s’engagent pour leur part à œuvrer pour un accès du citoyen marocain aux dernières innovations thérapeutiques, à contribuer à la fabrication locale de médicaments de référence essentiels et innovants lorsque cela est technologiquement et économiquement possible et viable, ainsi qu’au développement de la recherche biomédicale, afin de positionner le Maroc comme un hub d’excellence.

Quant à l’AMMG, elle devra, entre autres, assurer au maximum la fabrication, la disponibilité, l’accessibilité et la mise sur le marché de médicaments non encore « génériqués ».

Les engagements du gouvernement

Pour ce qui est du ministère de la Santé et de la Protection Sociale, il s’engage à :

– Optimiser le processus réglementaire à travers l’accélération de la création de l’Agence nationale des médicaments qui assurera la régulation, l’amélioration de la gouvernance du secteur ;

– Digitaliser les processus d’enregistrement d’Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) des médicaments ;

– Accompagner la procédure d’AMM par un processus d’admission au remboursement en parallèle, pour faciliter l’accès aux médicaments ;

– Renforcer les moyens humains, techniques et financiers de la Direction des Médicaments et de la Pharmacie (DMP) ;

– Promouvoir la destination Maroc en tant que plateforme d’essais cliniques ;

 Créer une plateforme d’export via un partenariat public-privé pour faciliter les procédures administratives avec les pays et accroître le taux d’export à l’étranger ;

– Accélérer la publication de la liste des médicaments essentiels. Selon nos informations, la dernière liste marocaine date de 2012, alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié une nouvelle liste en 2021. Les discussions sont en cours avec différents acteurs du secteur pour cerner les médicaments qui manquent dans chaque spécialité ;

– Veiller à sécuriser et à préserver le stock des médicaments stratégiques, à travers le renforcement des missions de contrôle des stocks de sécurité ;

– Engager une véritable politique et des mesures concrètes pour le développement du médicament générique ;

– Accompagner les producteurs qui souhaitent exporter, pour l’alignement sur les règles de l’internationalisation, particulièrement dans la certification et l’accréditation des lignes de production de leurs usines par les organismes internationaux de référence, notamment l’OMS.

Enfin, le ministère de l’Industrie et du Commerce s’engage à :

– Soutenir la fabrication locale à travers la création d’une contribution à l’innovation pharmaceutique pour encourager les projets de la R&D ;

– Elaborer en collaboration avec le ministère de la Santé et de la Protection Sociale un guide d’investissement spécifique à l’industrie pharmaceutique ;

– Accompagner les entreprises industrielles souhaitant investir dans les projets de la fabrication des médicaments, à travers les programmes disponibles d’appui à l’investissement ;

– Déployer ses meilleurs efforts pour compléter l’ensemble de la chaîne de valeur des médicaments, à travers l’amélioration de l’attractivité du Maroc, au regard des multinationales souhaitant fabriquer localement pour le besoin du marché national et pour l’export ;

 Faciliter l’accès aux données relatives à l’import/export des médicaments pour le compte du ministère de la Santé et de la Protection Sociale.

Création d’un comité de suivi

Pour le suivi des dispositions de ce contrat-programme, un Comité de suivi sera créé et composé des représentants des signataires. Ce Comité pourra s’adjoindre d’autres partenaires institutionnels. Il sera chargé d’évaluer et d’assurer le suivi des mesures contenues dans le contrat-programme.

Par ailleurs, des commissions techniques spécialisées peuvent être mises en place pour la réalisation des engagements des parties signataires de ce présent contrat, qui entre en vigueur à compter de sa signature par les parties.

Ainsi, « les industriels disposant de projets peuvent déjà les soumettre au ministère de l’Industrie et du Commerce pour étude, pour accompagnement ou subvention… », conclut Mohamed El Bouhmadi.