DÉPAKINE: PREMIÈRE «CLASS ACTION» CONTRE SANOFI

Les Inspirations Eco du 14 décembre 2016

Une association des victimes du médicament antiépileptique Dépakine a lancé une action de groupe (class action) contre le laboratoire pharmaceutique Sanofi. Ce mode d’action en justice emprunté au droit anglo-saxon permet à un groupe d’individus ayant le même litige d’ester en justice.

Aux États-Unis, où cette procédure existe depuis plus de deux décennies, certains procès ont donné lieu à des décisions spectaculaires: la justice a condamné, en 2000, cinq fabricants de tabac à payer à des fumeurs la somme de 145 milliards de dollars à près de 500.000 personnes qui avaient lancé une action collective. La Cour suprême a rattrapé le coup en réduisant, en 2003, le montant de l’amende, jugée «excessif», à quelques millions de dollars.

Dans le cas de cette association française, l’objectif est de prouver la responsabilité de Sanofi dans les malformations diagnostiquées auprès des enfants dont les mamans ont pris ce médicament durant leur grossesse.

Or, en août dernier, le Canard Enchaîné a révélé que le ministère de la Santé français a dissimulé une étude démontrant que l’usage du Dépakine a exposé quelque 10.000 femmes enceintes aux risques de malformations des fœtus. Commercialisé par le laboratoire Sanofi depuis 1967, le médicament serait également responsable de retard intellectuel ainsi que de certaines formes d’autisme chez les enfants.

Qu’en-est il au Maroc?

Alors que l’affaire a fait des remous en France, le ministère de la Santé a réuni, fin août dernier, plusieurs responsables de la santé au Maroc avant d’annoncer l’interdiction de la prescription des médicaments contenant du valproate de sodium aux femmes en âge de procréer, a fortiori aux femmes enceintes. Or, les molécules interdites de prescription par le département d’El Haussaine Louardi ne sont que le composant actif de plusieurs traitements antiépileptiques, dont le Dépakine. En clair, le Maroc interdit ce médicament incriminé sans le nommer.

ADDICTIONS : L’OFFRE DE SOINS RÉÉVALUÉE

Les Inspirations Eco du 20 décembre 2016

La Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies (DELM) envisage une meilleure identification des sous-groupes de populations ciblées par le programme national de lutte contre les addictions et définir un nouveau pack minimal de services.

Le département de la Santé réfléchit sérieusement à revoir les bases du système de référence relatif à l’offre de soins dédiée aux personnes souffrant d’addictions. La nécessité d’une analyse de situation pour mieux connaître les profils des sous-groupes de populations ciblées et la nature des activités qui leurs sont offertes, en termes de prévention, de soins, de traitement et d’appui psychosocial a été derrière le lancement d’un paquet minimum d’activités et «d’un système de référence fonctionnel pour les personnes ciblées», selon le ministère. «Malgré les efforts consentis, le domaine souffre encore de grandes insuffisances. Plusieurs défis limitent l’efficacité du système de santé à répondre d’une manière adéquate aux besoins réels de cette population : la pénurie des ressources humaines formées, les inégalités géographiques d’accès aux soins, la stigmatisation…», ajoute la même source.

L’offre de soins disponible ne permet pas pour sa part une prise en charge globale des sous-groupes de la population ciblée par le programme selon les normes standards, de même que l’absence d’un document de référence d’orientation sur le paquet minimum d’activités pertinentes au profit de cette population «se traduit par des disparités fonctionnelles aux niveaux des structures de soins et limite les différents acteurs dans leurs pratiques quotidiennes», selon l’état des lieux du ministère. En 2017, les services concernés veulent élaborer un guide du paquet minimum des services/activités (PMA) pour la prévention et la prise en charge des troubles liés à l’usage des drogues et addictions.

Le diagnostic réalisé par le ministère montre pour sa part qu’au cours des dix dernières années, le programme national a bénéficié d’un fort engagement politique, ce qui a permis la mise en place de structures spécialisées ciblant les sites prioritaires où la problématique de l’usage des drogues injectables présente un risque d’épidémie de VIH et VHC. Le second plan 2012-2016 du Programme de réduction des risques VIH/VHC vise à assurer un accès universel aux services de prévention «combinée dans le cadre d’une approche globale fondée sur les droits humains et visant l’accès à des services de qualité en matière de prévention, dépistage et traitement du VIH, VHC et TB», selon le bilan du ministère.