Médicament Le Maroc se positionne en hub africain

En matière de recherche & développement, les majors mondiaux de l’industrie pharmaceutique mettent un focus sur l’oncologie et les maladies du cerveau. La croissance rapide des cancers au Maroc fait du Royaume un marché à «fort potentiel»

Pour les filiales des multinationales, la baisse du prix du médicament intervenue l’an dernier a été une pilule amère, concède Hubert de Rudy, président de «Les Entreprises du Médicament au Maroc» -LEMM-, l’association qui regroupe 17 sociétés, filiales de groupes pharmaceutiques mondiaux. Ce groupement revendique 62% de part de marché du médicament au Maroc. Pour garder leurs équilibres financiers, la totalité de ces firmes ont déployé «sous anesthésie» des plans sociaux en taillant dans leurs effectifs. Elles ont toutes licencié du personnel, cadres pour l’essentiel, et réduit jusqu’à 70% leur activité  Et dans des cas extrêmes, certaines ont arrêté, à l’image de Bayer Maroc qui a mis en veilleuse sa branche pharmaceutique.
Pour autant, le Maroc  reste un marché limité mais attractif de par son potentiel même si, pour l’instant, l’extension de l’assurance maladie ne se traduit pas encore par plus de consommation de médicaments. En 2015, première année pleine de la baisse des prix, le marché n’a pas bougé, en valeur comme en volume en affichant une croissance de moins de 1%. L’effet prix sur la demande est faible car 65% du marché est «out of pocket», c’est-à-dire que les  ménages doivent préfinancer le médicament comme les soins, analyse Hubert de Rudy. Pour l’année en cours, les industriels assurent ne pas s’attendre à un renversement de tendance sur le marché privé, mais espèrent un rebond des commandes publiques. Comme tous les fournisseurs et prestataires de l’Etat, les multinationales de la pharmacie souffrent aussi de délais de paiement. Comptez en moyenne un an.
Le président de l’association «Entreprises du Médicament au Maroc» se félicite en revanche de la transparence qui caractérise le processus de sélection des achats publics. Par ailleurs, la réforme de la procédure des AMM (autorisations de mise sur le marché) a donné plus de lisibilité aux entreprises en posant des délais précis et en neutralisant les zones grises. Il reste à voir ce que l’application de ce texte donnera sur le terrain. Toujours est-il, cette réforme a permis d’améliorer l’environnement des affaires dans le secteur. Les Tunisiens sont d’ailleurs en train de dupliquer le même schéma chez eux, assure Hubert de Ruty.
Au nom de ses pairs, le président de l’association qui regroupe les filiales marocaines de multinationales de la pharmacie s’émeut des difficultés à protéger les brevets. Pour une multinationale qui s’installe ou qui avait un commettant sur le marché marocain, il est aujourd’hui impossible de récupérer l’AMM de son ou ses produits. Pour y arriver, il faut un accord tripartite: du titulaire du brevet, du commettant et de l’autorité de tutelle. Ce schéma confère de facto un droit de veto au commettant (entité qui représente la multinationale détentrice du brevet).
Le positionnement stratégique en tant que hub vers l’Afrique subsaharienne vaut aujourd’hui au Maroc de biper encore plus dans les radars des majors mondiaux du médicament. Sur les 17 filiales des multinationales opérant dans le Royaume, une douzaine ont établi sur base de pilotage des opérations africaines à Casablanca. Dans la cartographie du marché mondial, le Maroc est classé parmi les pays «frontières», c’est-à-dire, aux portes de grands marchés émergents à forte croissance.
Abashi SHAMAMBA

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