Les industriels des vaccins renouent avec l’innovation

 L’accès à des technologies innovantes ouvre de nouvelles perspectives.
Ces nouveaux vaccins pourraient réduire le recours aux antibiotiques.

En fin d’année dernière, GSK déposait un dossier d’enregistrement en Europe pour un nouveau vaccin contre le zona, une maladie de personnes âgées, sur la base de résultats d’efficacité impressionnants : 97 % chez les plus de 50 ans et 91 % chez les plus de 70 ans. Des chiffres qui dépassent largement ceux des produits existants, surtout pour les plus de 70 ans. Le secret ? Un adjuvant spécifique qui stimule le système immunitaire affaibli des personnes âgées. Du fait de son potentiel considérable avec le vieillissement de la population, il pourrait générer 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2022, selon les analystes.

Et peut-être pourra-t-il un jour rivaliser par ses ventes avec celles du Prevenar de Pfizer. La dernière génération de ce vaccin contre les infections à pneumocoque est un énorme blockbuster. Il a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards de dollars ! Là aussi, la raison du succès réside dans la capacité qu’a eue Pfizer de combiner les antigènes (des composants de la capsule du pneumocoque) de 13 souches différentes, obtenus chacun séparément puis assemblés dans un seul produit.

Dominée par quatre grands acteurs (Pfizer, GSK, Sanofi et Merck), l’industrie des vaccins semble renouer avec l’innovation, après des décennies un peu léthargiques.

Pour cela, l’acquisition de nouvelles technologies a été déterminante.« Elle a permis de s’intéresser à des catégories de patients actuellement mal protégés, comme les nourrissons ou les personnes âgées, et de s’attaquer à des maladies considérées jusque-là comme hors de portée », explique Emmanuel Hanon, directeur R&D de GSK Vaccins, l’industriel qui s’est montré le plus friand d’acquisitions en la matière,

Le laboratoire espère bien suivre la voie ouverte par Pfizer avec le Prevenar. Mais avec une méthode plus efficiente. C’est le but du rachat de la biotech GlycoVaxyn en 2015. Cette société a mis au point une méthode de production biologique permettant d’obtenir directement des vaccins conjugués. Grâce à elle, GSK espère s’attaquer à un plus large spectre d’infections.

Si elle tient ses promesses, elle sera un atout pour GSK face à ses concurrents très intéressés, eux aussi, par les maladies nosocomiales. C’est le cas de Sanofi avec son vaccin contre le Clostridium difficile, une bactérie responsable de diarrhées inflammatoires chez les personnes affaiblies. Issu de l’acquisition d’ Acambis en 2007, « le vaccin de Sanofi, à base de toxines chimiquement détoxifiées, actuellement en phase III, devrait être le premier sur le marché » explique John Shiver, directeur de la R&D de Sanofi Pasteur. « Tous ces vaccins contre les maladies nosocomiales pourraient diminuer le recours aux antibiotiques », se félicite Emmanuel Hanon.

La bonne maîtrise de certains virus comme les adénovirus ouvre aussi de nouvelles perspectives contre certaines maladies virales. On utilise alors des virus pour s’attaquer au virus. Grâce à l’acquisition de la biotech britannique Okairos en 2013, GSK développe un vaccin basé sur un adénovirus de chimpanzé, contre le virus RSV responsable des bronchiolites chez les nourrissons. Il est en essai de phase I chez la femme car l’objectif de GSK est de vacciner la femme enceinte pour que le nourrisson arrive au monde avec les anticorps nécessaires avant de pouvoir en fabriquer lui-même. Son vaccin contre Ebola s’appuie sur la même technique.

De même, le produit concurrent de Merck, acquis auprès de la biotech NewLink Genetics, s’appuie sur un autre type de virus. Le produit a démontré une efficacité allant jusqu’à 100 % et attend son autorisation de mise sur le marché cette année.

 

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